La ruche

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Description de la rubrique

Notre Vice-Président Gérard est aussi un apiculteur expérimenté qui prend plaisir à nous faire partager son intérêt et ses connaissances en la matière. Nous le remercions de nous ouvrir ici les portes de ce monde secret des mellifères.
02 Septembre 2025

Dans les coulisses de la ruche : devenir apiculteur. 

Une passion qui devient métier


Souvent commencée par curiosité ou par amour des abeilles, l’apiculture peut évoluer vers un véritable métier, à plein temps ou comme activité complémentaire.

Passée la crainte des piqûres, une fascination s’installe : celle de manipuler des milliers d’insectes et de percer les secrets d’une organisation presque parfaite. Car une abeille seule n’existe pas. Elle vit uniquement pour et avec la colonie, selon une logique collective qui force l’admiration. 

Capable de se multiplier par essaimage (comme une cellule qui se divise) ou par fécondation, l’abeille exerce sur l’homme un pouvoir quasi hypnotique.

L’apprentissage du langage des abeilles

Avant de se lancer, il est essentiel de se former : stages en école d’apiculture, accompagnement auprès d’un professionnel, apprentissage des gestes précis à adopter lors d’une visite de ruche. Peu à peu, vient le moment de voler de ses propres ailes, de se confronter aux réalités du terrain et d’affiner son savoir-faire. 

Car au-delà du miel, le monde de l’apiculture ouvre sur une multitude de spécialités : récolte du pollen ou de la propolis, vente ou capture d’essaims, sélection de reines, production de venin… autant de métiers annexes qui élargissent les horizons de cette activité.

Observer avant d’ouvrir

Être apiculteur, c’est avant tout observer, écouter, ressentir. Le bourdonnement d’une colonie, l’odeur chaude du miel et du pollen, l’intensité des allées et venues des butineuses : autant de signes que l’apiculteur aguerri sait interpréter avant même d’ouvrir une ruche. 

Car chaque ouverture est une perturbation pour la colonie. Elle doit donc être soigneusement préparée, avec un objectif précis : contrôler l’état de la reine, la vitalité de la colonie, la ponte, les réserves, la présence éventuelle de maladies ou de parasites.

Une école de patience et de rigueur

De la première visite aux manipulations plus complexes, l’apiculture exige patience, douceur, concentration et une vigilance constante tout au long de l’année. Plus qu’un simple travail, c’est un véritable dialogue entre l’homme et la nature.

Dans un prochain article, nous parlerons des travaux saisonniers, de l’investissement nécessaire et des chemins possibles pour faire de l’apiculture une passion… ou un métier.
18 Août 2025

Le venin d’abeilles : défense, douleur et médecine.

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’un produit fascinant : le venin d’abeilles.   Ce précieux liquide, aussi appelé apitoxine, est produit aussi bien par les ouvrières que par la reine. Pour les premières, il sert à défendre la colonie ; pour la seconde, il est une arme destinée à éliminer les rivales.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, une abeille ne pique jamais sans raison. Lorsqu’elle se sent menacée ou qu’elle perçoit une attaque contre la colonie, elle dégaine son arme ultime. C’est pourquoi l’apiculteur utilise toujours un peu de fumée avant d’ouvrir une ruche : ce nuage de fumée froide envoie un signal d’alerte aux abeilles, tout en leur rappelant instinctivement que leur habitat – fait de cire et de bois (ou aujourd’hui de plastique) – est inflammable. Sans ce rituel, les abeilles se sentiraient agressées et piqueraient immédiatement pour défendre leur foyer.


 La reine et son dard royal.

La reine, qui diffuse en permanence des phéromones inhibant la ponte des ouvrières (elles-mêmes femelles non fécondées), possède un dard lisse. Elle ne s’en sert en principe que contre ses congénères, afin de rester la seule à régner.  

Mais qu’il s’agisse d’une ouvrière ou de la reine, le phénomène reste le même : introduction d’un dard dans la peau et diffusion du venin.

  Le mécanisme de la piqûre.

 Lorsqu’une ouvrière pique, elle injecte son venin tout en libérant une phéromone d’alerte qui appelle ses sœurs en renfort. C’est pourquoi une seule piqûre peut rapidement en entraîner des dizaines.   

L’apiculteur expérimenté sait rester calme et quasi immobile, laissant passer la tempête. Le promeneur, en revanche, agite souvent les bras, ce qui ne fait que répandre la phéromone et attiser la colère de la colonie.   

L’abeille, dont le dard est muni de harpons, ne peut pas le retirer : elle l’abandonne dans la peau de l’intrus, avec sa poche à venin, qui continue d’injecter sous l’effet du système nerveux. Important : il faut retirer le dard en raclant doucement, et non en le pinçant entre deux doigts, ce qui viderait toute la poche de venin d’un coup.

  Les propriétés du venin.

Le venin d’abeilles, comme ceux de nombreux insectes (guêpes, scorpions, vives marines), est thermolabile : il perd ses propriétés sous l’effet de la chaleur. C’est ce qui explique l’usage de la fumée par l’apiculteur, mais aussi pourquoi certains approchent une cigarette allumée du point de piqûre.   

En pharmacopée, l’apitoxine est utilisée pour ses vertus :   

  • anti-inflammatoires, 
  • immunostimulantes, 
  • antalgiques, 
  • anticoagulantes, 
  • cardiotoniques.
Des médecins spécialisés, appelés apithérapeutes, emploient le venin dans certains traitements. Il peut être appliqué par piqûres directes (avec de vraies abeilles) ou par micro-piqûres qui injectent juste une petite quantité de venin sans laisser le dard.

 La récolte du venin.

Il existe même un métier : récupérateur de venin. Dans des ruchers spécialisés, les abeilles déposent une micro-goutte de venin en piquant un tissu très fin, après avoir reçu une faible décharge électrique qui les stresse. Le dard ne reste pas accroché, et l’abeille survit. Mais les colonies deviennent alors plus agressives, habituées à piquer.

   Entre douleur et médecine.

Encore un produit extraordinaire fabriqué par le plus utile des insectes. Pas étonnant que tant de civilisations aient pris l’abeille comme modèle et emblème. Derrière la douleur d’une piqûre se cache un véritable médicament naturel, au prix du sacrifice de l’insecte.   

La recherche continue d’en révéler les secrets. Une étude récente en Australie a même montré que le venin d’abeilles pourrait détruire certaines cellules cancéreuses du sein en moins de 24 heures.   

L’abeille n’a pas fini de nous étonner.


27 Juillet 2025

Le Miel de Sapin: un trésor inattendu de la ruche.

Avez-vous déjà vu des fleurs sur un sapin ? Non, bien sûr… et pour cause : cet arbre, appartenant à la famille des conifères, ne produit pas de fleurs, mais des cônes mâles et femelles.

Et pourtant, vous avez probablement déjà aperçu dans le commerce des pots portant l’étiquette « Miel de sapin ». Alors, comment cela est-il possible ? D’où vient ce miel si particulier ?


Le miellat : une matière étonnante.

Après vous avoir parlé de la propolis, cette matière extraordinaire produite par les abeilles, intéressons-nous aujourd’hui à une autre substance tout aussi surprenante : le miellat.

Mais qu’est-ce que le miellat exactement ? 

Il s’agit d’un liquide épais et visqueux, excrété par des insectes piqueurs-suceurs (comme les pucerons, cochenilles, cicadelles ou psylles). Ces insectes se nourrissent de la sève élaborée qui circule dans les tissus conducteurs des plantes (le phloème). Leur système digestif ne pouvant assimiler tout le sucre contenu dans cette sève, celui-ci est rejeté sous forme de fines gouttelettes… par leur tube anal ! 

Un puceron peut produire, en une heure, plus que son propre poids en miellat. Cette matière sucrée est ensuite prélevée par les abeilles, qui la transportent à la ruche et la transforment en miel selon le même procédé enzymatique que pour le nectar floral.

Pour plaisanter, certains apiculteurs aiment dire que le miellat, c’est un peu du « miel de caca de pucerons » !





Un miel riche et bienfaisant.

Les apiculteurs expérimentés savent positionner leurs ruches dans des zones favorables à la présence de ces insectes producteurs de miellat, notamment dans les forêts de sapins. C’est ce qui permet de produire le célèbre miel de sapin, un miel de miellat.

Ce type de miel présente plusieurs particularités :
  • Couleur : il est généralement foncé, parfois presque noir.
  • Goût : puissant, avec des notes de caramel et une légère amertume.
  • Composition : il contient moins de glucose et de fructose que les miels floraux, mais est plus riche en sels minéraux, oligoéléments et acides aminés.
  • Propriétés : son action antiseptique et antibactérienne est très développée. Il aide à combattre la fatigue, l’anémie, l’asthénie, et renforce la mémoire ainsi que la concentration.

Encore une belle prouesse des abeilles !

Le miel de sapin, à travers le phénomène du miellat, nous rappelle à quel point les abeilles sont capables de transformer des ressources inattendues de la nature en produits d’une grande valeur nutritionnelle et médicinale.

Encore une raison de plus de dire merci à nos précieuses butineuses !

26 Juin 2025

La Propolis : le « produit miracle » de la ruche

Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir un trésor de la ruche : la propolis. Ce mot vient du grec pro (en avant) et polis (la cité), ce qui signifie littéralement « devant la cité ». Pour la ruche, la propolis représente une barrière immunitaire naturelle à l’entrée de la colonie… mais pas seulement ! Qu’est-ce que la propolis ? Il s’agit d’une substance résineuse, collante et de couleur foncée, récoltée par certaines butineuses sur les bourgeons de certains arbres. Les abeilles y ajoutent leur salive pour la transformer en un enduit qu’elles utiliseront pour “peindre” les cloisons de la ruche, les cadres, et même colmater les fissures. Ainsi, les trous de moins de 3 mm sont bouchés avec de la propolis, tandis que ceux de taille supérieure seront comblés avec de la cire produite par les abeilles. Mais attention, cette décoration n’a rien d’esthétique pour les abeilles : la propolis sert avant tout à aseptiser la ruche. On dit d’ailleurs qu’une ruche bien propolisée est plus propre qu’un laboratoire hospitalier !

Les vertus de la propolis La propolis possède de nombreuses propriétés médicinales. Elle est :
  • antibactérienne
  • anti-inflammatoire
  • antioxydante
  • antifongique
  • antidouleur
  • détoxifiante
  • hépatoprotectrice
Elle est utilisée pour soulager ou traiter :
  • la toux chronique
  • les laryngites
  • les rhinites
  • les otites
  • les infections fongiques et les germes pathogènes
Et, pour l’anecdote (mais c’est prouvé !), elle protège le foie des effets nocifs de l’alcool. Anecdotes historiques et culturelles
  • Le célèbre violon Stradivarius ainsi que certains instruments à cordes (violoncelle, contrebasse, etc.) sont enduits de propolis, ce qui leur confère leur belle couleur brun foncé.
  • Les Égyptiens s’en inspiraient pour embaumer les momies : lorsqu’un insecte trop gros mourait dans une ruche, les abeilles l’enrobaient de propolis pour éviter sa putréfaction — un système d’embaumement naturel !

La propolis à la maison : comment la préparer ? 
Bien que la propolis soit travaillée en laboratoire et intégrée à la pharmacopée, il est possible d’en préparer soi-même, facilement, et de manière naturelle. Voici comment faire :
  1. Procurez-vous de la propolis de grattage ou de récolte chez un apiculteur local. Il sera souvent heureux de constater votre intérêt pour cette substance précieuse.
  2. Faites-la macérer dans de l’alcool à 90° non dénaturé, que vous pouvez demander à votre pharmacien.

    • Attention : un alcool trop faible (moins de 90°) dissoudra mal la propolis.
    • L’alcool doit être non dénaturé pour éviter les maux de tête.
  3. Laissez reposer quelques semaines, puis filtrez le mélange.
  4. Utilisation :

    • Soins externes : appliquez tel quel (attention, ça pique !).
    • Soins internes : diluez quelques gouttes dans de l’eau pour soulager la gorge ou renforcer l’immunité.
Les apiculteurs professionnels utilisent des tapis en plastique perforés (moins de 3 mm) que les abeilles vont combler avec de la propolis. Ces tapis sont ensuite congelés ; la propolis durcie devient cassante et facile à récolter. Des recherches prometteuses Des études scientifiques sont encore en cours pour explorer les multiples bienfaits de la propolis. Il semblerait notamment que ses propriétés immunostimulantes puissent avoir une action bénéfique contre certaines cellules cancéreuses. En api-thérapie, certains spécialistes conseillent de prendre chaque matin, en cure préventive (2 à 3 fois par an), quelques gouttes diluées dans de l’eau pendant un mois, pour renforcer naturellement le système immunitaire.
06 Juin 2025

Les abeilles cachent un secret surprenant.

Lorsqu’une ruche perd sa reine — la seule capable de donner la vie à la colonie et de maintenir l’ordre dans une société parfaitement organisée — tout semble perdu. La vie ralentit. Sans œufs nouveaux, l’avenir s’éteint. En quelques semaines, la colonie pourrait disparaître.

Mais les abeilles ne paniquent pas. Elles n’attendent pas non plus un salut venu de l’extérieur.
Faisant preuve d’une intelligence collective extraordinaire et d’instincts profonds, elles déclenchent des procédures d’urgence spectaculaires — presque inimaginables dans un monde régi par des insectes.
◆ La transformation commence par un choix simple, mais essentiel
Les abeilles ouvrières sélectionnent des larves ordinaires — celles qui, en temps normal, auraient été de simples travailleuses. Rien ne les distingue. Elles ne naissent pas différentes. Mais leur destin bascule.

Elles sont choisies pour recevoir une nourriture spéciale : la gelée royale.
Une substance rare, produite par des abeilles en bonne santé, riche en protéines, en vitamines et en composés bioactifs. Une nourriture véritablement royale, dans le sens le plus pur du terme.

Les larves nourries exclusivement de cette substance ne suivent plus le chemin classique.
En quelques jours, leur corps se transforme. Leurs ovaires s’activent. Leur gabarit devient plus grand, plus fort. Leur espérance de vie est multipliée presque par vingt.

Elle ne travaillera pas. Elle commandera. Elle ne suivra pas la routine. Elle donnera la vie.

La reine n’est pas choisie pour ses gènes. Elle est créée.

Ce qui rend ce processus fascinant, c’est que les abeilles ouvrières et la reine partagent exactement le même code génétique.
L’ADN ne détermine pas le destin. C’est la nutrition. L’attention. Les décisions de la ruche.

C’est comme si, dans une société humaine, on pouvait prendre un enfant ordinaire et, en lui offrant les soins, l’environnement et le soutien nécessaires, en faire un leader extraordinaire.
Sans manipulation génétique. Sans artifice. Juste avec du soutien et une vision.

Un leader naît d’une crise
Cette métamorphose ne sauve pas seulement une larve. Elle sauve toute la colonie.

Une fois prête, la nouvelle reine prend le contrôle de la ruche, commence à pondre et restaure l’ordre.

04 Juin 2025

L’incroyable société des abeilles : un modèle d’organisation millénaire 🐝 

Difficile pour nous, humains, d’imaginer qu’un simple insecte puisse être en avance sur nous dans l’échelle de l’évolution… Et pourtant, c’est une réalité : l’abeille existe depuis plus de 100 millions d’années, alors que l’Homo sapiens n’a que 2 millions d’années au compteur.

Cette immense différence temporelle explique beaucoup de choses. Car la ruche, c’est une organisation quasiment parfaite, où l’individu n’a de sens qu’au service de la communauté. Là où l’humain valorise l’individu, l’abeille pense collectif. Une ouvrière sacrifiera sa vie sans hésiter pour préserver la colonie. 

 

Dans cette société bien huilée, pas de place pour les malades, les inactifs, les handicapés ou les profiteurs (à l’exception des mâles, tolérés temporairement pour la reproduction, puis éjectés une fois leur rôle accompli).   

🔹 Une vie de labeur, du premier au dernier jour   

Dès sa naissance – en sortant de sa cellule – une abeille commence à travailler. Elle passera la première moitié de sa courte vie à l’intérieur de la ruche : nettoyeuse, nourrice, productrice de cire, gardienne. Puis, ses trois dernières semaines se dérouleront dehors, en tant que butineuse. Une abeille ne dort pas à proprement parler : elle se repose par brèves séquences, parfois directement sur son lieu de travail.   

Si elle rentre exténuée et incapable de continuer, elle sera impitoyablement repoussée hors de la ruche. Pas d’ambulance, pas d’hôpital, pas de répit. Seul compte le rendement.   

🔹 Une reine, une mission 
  
Une seule reine règne sur la colonie. Son unique fonction : pondre jusqu’à 2 000 œufs par jour. Lorsque la fatigue s’installe, elle anticipe la relève en pondant dans plusieurs cellules dites “royales”, choisies pour accueillir de futures reines. Ces cellules, nourries exclusivement de gelée royale, permettront l’émergence de prétendantes au trône.   À la naissance, la première reine éclot et n’a qu’un but : éliminer les autres en piquant les cellules encore fermées. Si une autre reine éclot au même moment, un combat de reines décidera de l’unique survivante.   Pendant ce temps, l’ancienne reine, accompagnée de la moitié de la colonie, s’en va former un nouvel essaim. Si le temps est défavorable, une cohabitation temporaire peut avoir lieu, comme un dernier remerciement envers celle qui a tout donné.   


Insecte prenant son temps de repos sur son lieu de travail. On remarque sur le haut de son crâne les 3 ocelles. Yeux qui lui permettent de voir dans l’obscurité de la ruche.
🔹 Le grand départ : l’essaimage   

Avant de quitter la ruche, les abeilles se gorgent de miel, leur assurant 3 à 4 jours d’autonomie. Repues, elles sont plus calmes, ce qui permet à l’apiculteur de les capturer pour créer une nouvelle colonie.   

🔹 Le vol nuptial : un ballet aérien unique   

La jeune reine quitte ensuite la ruche pour une unique sortie : son vol nuptial. Loin de la ruche pour éviter la consanguinité, elle s’accouple en plein vol avec jusqu’à une dizaine de mâles, dans un “lieu de concentration de bourdons”. Les mâles périssent juste après l’accouplement : leur endophallus est arraché, et leur blessure est fatale (l’hémolymphe ne coagule pas, contrairement au sang humain).   La reine stocke leur semence dans sa spermathèque, ce qui lui permettra de pondre pendant 4 à 5 ans.   

🔹 Un pouvoir surprenant : choisir le sexe   

Grâce à la parthénogenèse, elle choisit le sexe de chaque œuf : • œuf fécondé → ouvrière • œuf non fécondé → mâle (faux bourdon)   

🔹 Quand la ruche devient orpheline…   

Si une ruche perd sa reine et qu’aucune larve de moins de 3 jours n’est disponible pour en produire une nouvelle, la colonie devient bourdonneuse : les ouvrières se mettent à pondre, mais ne produisent que des mâles. Ces derniers consomment sans rapporter, condamnant la colonie à la famine et à l’extinction.



Magnifique photo d’une reine qui va commencer une ponte. La cellule ayant été précédemment nettoyé par les abeilles nettoyeuses. La reine introduit son abdomen et va lâcher un œuf fécondé dans une cellule d’ouvrière, non fécondé dans une cellule de mâle et cela répèté environ 2000 fois par jour. Soit environ un œuf dans un peu plus d’une minute.
Abeille cirière mettant en fonction ses glandes productrices de petites tuiles de cire. Blanche au départ, elles prendrons la couleur jaune au contact de l’air et de la lumière.
Œufs de reine.
L’œuf est pondu verticalement au fond de la cellule puis prenant du poids, il penche au second jour pour être totalement couché au troisième. Il devient ensuite larve puis nymphe, puis imago insecte parfait.
La reine a une gestation de 16 jours, l’abeille 21 et le mâle 24.

09 Mai 2025
Le saviez-vous ? L’abeille, si petite soit-elle, est un trésor de la nature.

Quand on parle d’abeille, on pense souvent à sa capacité impressionnante de stocker de la nourriture… et aussi à son dard redouté. Pourtant, cet insecte n’est pas naturellement agressif. Lorsqu’elle pique, c’est en dernier recours, car elle y laisse la vie.

Au début de son existence, l’abeille reste dans la ruche pour s’occuper des tâches ménagères : nettoyage, nourrissage des larves et de la reine, construction et stockage. À partir de son 20e jour, elle commence à sortir, d’abord comme gardienne ou ventileuse, puis termine sa courte vie comme butineuse. À ce stade, sa carapace est solide, son dard prêt à défendre la colonie.

La gardienne est chargée de protéger l’entrée de la ruche et les butineuses qui reviennent chargées de nectar. Loin de sa ruche, une abeille ne pique que si elle se sent piégée. Si cela arrive, son dard s’enfonce comme un harpon, libérant une phéromone d’alerte. Cette odeur attire ses congénères : c’est pourquoi il est important de rester calme, éviter de gesticuler ou de courir.

Les apiculteurs connaissent bien ces comportements. Ils portent des vêtements clairs, évitent les parfums, et utilisent l’enfumoir pour masquer les phéromones et calmer les abeilles.

Si vous êtes piqué, retirez rapidement le dard en grattant doucement la poche de venin sans la presser. La chaleur (comme celle d’une cigarette ou de l’enfumoir) peut aider à neutraliser le venin, qui est thermosensible. Sinon, appliquez du froid ou du vinaigre.


Heureusement, la piqûre d’abeille est rarement dangereuse (sauf allergie) : il faudrait environ 10 piqûres par kilo pour atteindre une dose létale. Et en bonus, la piqûre a des vertus médicinales ! L’apitoxine, le venin d’abeille, est un puissant anti-inflammatoire qui peut soulager arthrite, rhumatismes, tendinites, névralgies et même certains symptômes de la sclérose en plaques.

Alors, respectons cette travailleuse infatigable, véritable pharmacie volante, qui fait tant pour notre santé… souvent sans que nous le sachions !

11 Avril 2025
➡️ Apiculture en Isan : entre patience, tradition et défis tropicaux 

Dans les plaines arides du nord-est de la Thaïlande, l’Isan, l’apiculture est plus qu’un savoir-faire : c’est un pari sur la nature, le climat… et la patience. En ce mois d’avril, alors que la saison des pluies se fait attendre, les ruches survivent au ralenti, nourries à la main, suspendues à la promesse d’un renouveau végétal.


La mousson, espoir liquide 

La date est connue : le 13 avril, jour du Pi Mai, le Nouvel An thaïlandais, sonne traditionnellement l'arrivée des premières averses. Aussi appelée "fête de l'eau", cette période est espérée par tous - humains comme abeilles - pour la renaissance de la flore. En attendant, le nourrissage hebdomadaire au sirop de sucre est vital. La reine, consciente du manque de ressources, réduit sa cadence de ponte. De 2500 œufs par jour en période faste, elle tombe à moins de 1000. Résultat : les colonies régressent, passant de 80 000 abeilles espérées à moins de 20 000 — seuil critique qui rend toute récolte impossible.
Bac à nourrissage et barrette anti varroa.
Des pratiques locales très différentes 

Contrairement aux méthodes européennes que j’ai longtemps pratiquées, ici, pas de hausse — cette extension qui permet de récolter un miel pur, sans larves ni sirop stocké. En Europe, une grille sélective interdit l’accès de cette zone à la reine et aux faux-bourdons. La récolte y est strictement encadrée, et les contrôles rigoureux. En Isan, la récolte se fait directement dans le corps de ruche. On y trouve donc du miel, certes, mais aussi des larves, du nectar et parfois du sirop issu du nourrissage. Aucun contrôle ne vient distinguer le véritable miel de préparations industrielles. Sur les marchés, les bouteilles étiquetées “MIEL” contiennent souvent du sirop de glucose parfumé, vendu autour de 150 bahts le kilo (environ 4 €).
Photo de gauche, la reine est bien là, trouvez-la !
Une réalité peu favorable à l’apiculture

Cette situation met en lumière un fait étonnant : je ne connais aucun apiculteur installé durablement dans cette région de Thaïlande. Et pour cause : la densité florale y est très faible. Une abeille visite environ 6000 fleurs par jour. Multipliez cela par 80 000 individus et vous obtenez un besoin de plusieurs millions de fleurs quotidiennes pour faire vivre une colonie. La pollinisation dépend aussi de la morphologie des insectes. Certains (guêpes, bourdons, papillons…) ont des appareils buccaux différents et se tournent vers d’autres espèces florales que l’abeille domestique. De plus, des fleurs ornementales très présentes ici — comme les roses ou les bougainvilliers — n’offrent aucun nectar utile. Quant aux rizières omniprésentes, elles ne constituent aucun apport pour les abeilles.

Les outils indispensables de l’apiculteur ENFUMOIR et LÈVE CADRES.


Conclusion 
Un terrain d’observation, pas encore de production Malgré les contraintes, cette expérience reste précieuse. Elle met en lumière les liens entre écologie, pratiques agricoles, culture locale et biodiversité. Peut-être, avec l’arrivée imminente de la mousson, le paysage se transformera-t-il en un paradis pour les butineuses. En attendant, il faut composer avec les réalités du climat… et l’humilité que tout apiculteur apprend un jour ou l’autre. 
Affaire à suivre…  
24 Mars 2025

Notre apiculteur chevronné tente une expérience en Thaïlande dans sa région l’ISAN.

 À savoir : "Peut-on pratiquer cette activité dans cet endroit ?".

Après l'acquisition en novembre de 4 colonies achetées à PHETCHABUN chez des amis professionnels (PY et TOP), force est de constater, pour le moment, que ce sera difficile voire impossible de pratiquer une apiculture intensive visant à une production de miel.

Établi depuis plusieurs années, je ne connais aucun apiculteur dans ma région. Ici, c'est essentiellement la culture de riz, de manioc, de cannes à sucre, sur des superficies extraordinaires. Plantations qui ne génèrent aucune nourriture pour l'abeille. 

C'est, je pense, pour cette raison principale qu'aucun spécialiste n'a établi un rucher.

L'abeille utilisée est une LIGUSTICA (dite Italienne Apis Mellifera Ligustica). Très douce, calme, travailleuse, à condition d'avoir de "l'emploi". Pas de différence avec ce que je connais, mais domaine matériel et pratique dissemblables.
L’abeille jaune italienne (Apis Mellifera Ligustica)

Il est essentiel de réaliser que la priorité ici, pour les exploitants Thaïlandais, n'est pas la production optimale mais le gain rapide, avec un impératif besoin d'obtenir des subsides pour vivre.

Il est également important de reconnaître que nous sommes en Asie et que les contraintes ne sont pas les mêmes (règles administratives quasiment inexistantes, contrôles sanitaires aux abonnés absents, quid des saisons).   

Voilà planté le décor. Depuis 5 mois, donc je nourris car les essaims sont livrés sur 5 cadres dans un corps de ruche aux dimensions thaïlandaises, pouvant, comme ailleurs, contenir 10 cadres mais sans partition, créant un volume vide à chauffer (35° en permanence dans une ruche). De plus, un toit laissant un espace de 10 centimètres au-dessus des têtes de cadres rajoute encore du volume vide….

Nourriture au sirop de sucre (eau et sucre mélangés 50/50) et à la pâte protéinée substitut de pollen (eau, pollen écrasé, farine spéciale, sucre glace). Malgré ce traitement, les ruches restent faibles, très peu d'activité.
Sur le premier spot, perte d'une reine certainement durant le transport de 350 kilomètres. Vu la faiblesse de cette colonie, je décide de m'en servir pour renforcer sa voisine dans le même état. 

La semaine suivante, nouvelle visite de nourrissage. La population a encore régressé, la ponte se raréfie. 

Dans le même temps, chez mes fournisseurs PY et TOP à PHETCHABUN, situés bien plus au Nord, où on cultive des fruitiers, entre autres, les colonies sont prêtes pour la miellée et la transhumance. 

De toute évidence, les emplacements ne satisfont pas de la même manière les colonies. 
On va continuer le nourrissage jusqu'à la saison des pluies pour évaluer la progression car : qui dit pluie, chaleur dit floraison. 

À suivre donc cette tentative en ISAN dans le prochain épisode.
Constructions sauvages dans un toit de ruche thaïlandaise. Les circonvolutions sont faites pour le passage de l’air, permettant une ventilation nécessaire au séchage du nectar.

Exposition éclairée d’une pyramide de bocaux reflétant les différences de couleur, texture, certainement de goût et de différence géographique.

Reconnaissance du "vrai" miel….


  • Une petite quantité de miel VRAI ne se diluera pas lorsqu’elle tombe dans un verre d’eau froide, elle formera comme un petit sac. Au contraire un miel frelaté chargé en sucre fondra au contact du liquide.  
  • Le miel VRAI recueilli dans un torchon laissera des traces après nettoyage à cause de la présence de pollen dans son contenu. Le miel frelaté, lui, ne laissera aucune trace.
10 Mars 2025
Aujourd'hui Gérard nous propose un autre éclairage sur le quotidien de ces insectes.
Cette photo a capté mon attention, attirée par la vie des Hyménoptères qui continue de m’interpeller. Sûr, que le créateur de GOLDORAK s’est inspiré de ces insectes pour créer son personnage. 

Je ne suis pas isolé et, loin s’en faut, à m’intéresser à ce captivant petit être âgé de plusieurs millions d’années, arrivé au stade évolutif de la quasi perfection dans tous les domaines.

Le bourdon représenté de dos, ailes déployées !! défie les lois de la physique.
En effet, si on établit le rapport entre les ailes et le poids de l’insecte, il nous démontre que voler lui est impossible. 
Mais, le bourdon l’ignore c’est pourquoi il vole !! (Igor SYKORSKY). Cette photo est affichée à la NASA (excusez du peu) avec en sous-titre « cela signifie que nous pouvons si nous le voulons, quoiqu’il arrive »

Nous, humains, éprouvons des difficultés à penser qu’il y a mieux que nous sur la planète. Pourtant notre existence n’est que de quelques milliers d’années en comparaison avec ce petit être d’environ 110 milligrammes doté de supers pouvoirs.

Leur caractéristique la plus déconcertante est certainement leur développement. Le gros de la troupe est nourri avec une bouillie de nourrissement composée de miel, eau, pollen lui permettant une espérance de vie de 40 jours pour l’ouvrière et une saison pour le faux bourdon (appelé ainsi pour éviter la confusion avec celui sur la photo qui est un Bombus Terrestris colonie d’abeilles où sont présents mâles, ouvrières et reine mais trop petites en nombre, ne permettant pas une domestication)
Le troisième composant de la colonie, la reine, est nourrie exclusivement, depuis sa création à la « Gelée royale » (sécrétion produite par certaines abeilles à un moment donné de leur développement). Ce simple fait d’avoir une nourriture différente lui conférera la possibilité de vivre 5 ans soit 40 fois plus qu’une abeille.

Cette considération, rapportée à l’échelle humaine, en privilégiant une nourriture spéciale, conclut que certains individus pourraient voir leur espérance de vie atteindre les 3200 ans !! A l’heure actuelle, aucun scientifique n’arrive à donner une explication à ce phénomène.
Néanmoins, la cupidité de l’homme s’en est emparé, ventant un élixir de jeunesse dont tous les composants ne sont même pas identifiés. 
Voilà une partie infime des « pouvoirs » de ces insectes qui restent craints car ils piquent mais, ô combien utiles dans notre vie. 

Une célèbre phrase attribuée à tort à Albert EINSTEIN dit : « Si l’abeille meurt, il reste 4 ans de vie à l’humanité » en effet, cet insecte pollinise 85% de ce qui nous est utile, le reste étant fécondé par les oiseaux, les papillons et aléatoirement le vent. 
Certaines contrées où l’abeille a disparu la pollinisation se fait manuellement… une ruche représente de 30 à 80 000 ouvrières ! On a vite fait le ratio ! 

Comment un simple cliché peut provoquer une abondance de pensées. 
A bientôt… 

Gérard, mars 2025
17 Février 2025
D’hyménoptères en mellifères Gérard nous promène de ruche en ruche, dictionnaire à la main, et nous invite à partager ses grandes connaissances de ces insectes volants qu’il se plait à identifier.
Vous connaissez ma passion pour le genre Apis. 
D’où l’intérêt pour cette nouvelle : « l’abeille géante APIS LABORIOSA a été remarquée dans les environs de Chiangmai » Habituée à son habitat en Chine, au Bhutan, puis au Vietnam, elle semble descendre en latitude et s’établir au pays du sourire.
Apis Laborosia
Cela porterait à 4 le genre d’abeilles mellifères dans ce pays (apis LABORIOSA, apis DORSATA, Apis MELLIFERA, Apis FLOREA) seule la 3 ème est « domesticable » dans le sens où on lui fourni un domicile du grec ‘’domestos’’ non dans le sens d’obéissance à l’humain.

Apis LABORIOSA

Apis DORSATA

Apis MELLIFERA

Apis FLOREA

Problèmes à terme, envahir un espace inoccupé jusqu’alors par cette espèce va créer une compétition, une concurrence avec les autres hyménoptères et un risque qu’une ou plusieurs espèces disparaissent. Certes nous n’en sommes pas là mais le dérèglement climatique engendre des effets que l’homme aura bien du mal à contrôler voire empêcher.
Apis Laborosia
Petite anecdote sur cet insecte nouvellement apparu en Thaïlande, il est friand de rhododendrons fleur qui donne un miel de couleur rouge aux effets aphrodisiaques…encore faut-il avoir quantité de cette plante, une seule abeille butinant 6000 fleurs par jour environ.
 Les rayons actuellement vendus sur les marchés sont le travail de Apis FLOREA ou abeille naine. Problème, à chaque fois on détruit une colonie car on récupère non seulement le miel mais également le couvain qui n’est ni plus ni moins que les cellules de larves, futures abeilles ouvrières...pas de descendance, pas de nouvelle colonie. Les deux autres races ne font également qu’un seul rayon. Seule MELLIFERA ou MELLIFICA produit 8 rayons et se laisse embrigader. 
Bon dimanche. Mangez du miel.
07 Février 2025
Un jour de l’an 2012, en France, du côté de Ribeauvillé en Alsace, un apiculteur a découvert dans ses ruches du miel de couleur bleu et vert. Ce phénomène a amené des spécialistes à enquêter. 
On a pu ainsi découvrir que les hyménoptères allaient butiner les résidus d’une fabrique de bonbons. En effet, l’abeille se nourrit en partie de sucre qu’elle récolte sur les fleurs et les arbres sous la forme de nectar. 
Mais, une source sucrée autre l’attirera également. (voir avec vos mamans ou épouses lorsqu’elles préparent des gâteaux en été, fenêtres ouvertes). 
Des mesures ont été prises pour couper l’accès des insectes a ces sources sucrées, faisant cesser le phénomène. Cet épisode insolite rappelle la nécessité de surveiller nos interactions entre nos activités humaines et la nature.
En cas de disette dans un rucher, les apiculteurs, redoutant de voir périr leurs colonies, font usage de sirop sucré et de pâte protéinée pour maintenir en vie les abeilles. C’est une pratique tout à fait normale et autorisée. Il convient toutefois de se renseigner sur l’honnêteté de l’artisan qui fera l’usage de succédanés hors période de récoltes. Un bel exemple de la manière dont les abeilles si précieuses pour notre écosystème, peuvent aussi nous alerter sur les effets de notre mode de vie.
Dans les prochains articles, nous vous donnerons quelques moyens de différencier le vrai miel des contrefaçons. Néanmoins, la grande majorité des apiculteurs Français travaillent correctement et il existe aussi des contrôles. Évitez l’exotisme, le miel est le fruit d’un travail d’abeilles et d’apiculteurs, il représente un labeur et a donc un coût qui sera déjà un critère de sélection. La France a une culture apicole, de vrais professionnels, d’excellents amateurs et des miels de très grande qualité. Achetez français.
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